AG de GDS France 2024

AG de GDS France

70 ans d’histoire et un rapport d’orientation tourné vers l’avenir

 

Assemblée générale (AG) de GDS France : Le 26/04/2024, les GDS de France et d’outre-mer étaient réunis en AG à Paris pour les 70 ans de GDS France. Au-delà des aspects réglementaires de ce rassemblement, les échanges ont porté sur le renouvellement des générations et sur les maladies vectorielles.

GDS France a accueilli les participants à Paris lors du Congrès organisé pour commémorer les 70 ans de la structure nationale. Ce rassemblement des GDS permet aux éleveurs de métropole et d’outre-mer d’échanger sur la politique sanitaire en France et en Europe. En clôture des travaux, Christophe MOULIN, Président de GDS France depuis 2020 mais également éleveur et Président du GDS de l’Indre, a présenté les grandes orientations de pour l’année 2024.

Christophe MOULIN, Président de GDS France et du GDS de l’Indre a accueilli les GDS de France pour leur Assemblée Générale à Paris. Vous pouvez retrouver le rapport d’activité de GDS France sur : https://www.gdsfrance.org/rapport-dactivite-gds-france-2024/

S’appuyer sur nos 70 ans d’histoire pour se projeter vers l’avenir

« En cette année anniversaire, nous célébrons notre parcours et notre modèle, forgé par des décennies d’implication dévouée de nos éleveurs. Au regard de notre histoire, et en tant que Président de GDS France, c’est donc avec beaucoup d’émotion et une grande solennité que j’aborde aujourd’hui devant vous ce traditionnel rapport d’orientation. Le bilan 2023 qui vient d’être présenté a su mettre en exergue des avancées significatives que cela soit au niveau de notre Réseau avec la mise en place d’outils et d’actions favorisant l’échange, le partage et la mutualisation, qu’au niveau de nos missions en faveur de la santé et du bien-être animal. En prenant un peu de hauteur sur cette année 2023, j’aboutis à deux principales conclusions. La première, c’est la nécessité de valoriser et d’aller au bout des plans d’éradication débutés depuis de longues années. La seconde s’inscrit autour du besoin d’adapter nos stratégies de prévention, surveillance et lutte vis-à-vis de maladies émergentes, principalement vectorielles, qui ont des caractéristiques différentes des maladies « historiques » bien connues.

Une finalisation de la feuille de route tuberculose bovine

Vous le savez, les GDS se sont créés il y a 70 ans autour d’une maladie que l’on appelle la tuberculose bovine, afin d’impliquer activement les éleveurs dans la surveillance et la lutte contre cette maladie et ainsi rendre le dispositif plus efficace. Le modèle mis en place avec l’appui des GDS a fait ses preuves puisque depuis 2001, la France dispose du statut indemne de tuberculose bovine au regard de la règlementation européenne. Toutefois, quelques zones d’infection persistent dans certains départements et font craindre aujourd’hui la perte du statut indemne de la France. Une feuille de route est en cours de finalisation par la Direction Générale de l’Alimentation (DGAl), pour déterminer un plan d’actions, améliorer l’efficience de la surveillance et l’acceptabilité des mesures pour les éleveurs. GDS France, en lien avec les autres organisations professionnelles agricoles, a été force de propositions dès le mois de décembre 2023. J’espère que la version finale de cette feuille de route sera ambitieuse et à la hauteur des enjeux pour enfin assainir notre territoire vis-à-vis de cette maladie.

De nouvelles mesures pour permettre l’éradication de la BVD et de l’IBR

D’autres chantiers sont en cours comme la poursuite des évolutions du plan de lutte BVD pour un objectif d’atteinte du statut indemne de la France. Là encore, n’ayons pas peur d’être ambitieux ! L’année 2024 doit permettre de concrétiser, avec nos partenaires du sanitaire, ces décisions d’orientation stratégique en vue d’atteindre un statut indemne BVD à l’horizon 2030. Et bien sûr, il nous faut achever l’assainissement de l’IBR. Depuis la mise en application de la Loi de Santé Animale (LSA), la reconnaissance du programme national d’éradication de l’IBR engage la France à atteindre en 2027 les critères d’obtention du statut « indemne » pour son territoire continental. L’accent doit maintenant être mis sur l’assainissement des troupeaux détenant des bovins infectés. Je souhaite ici remercier l’Etat pour le soutien financier prévu pour mettre en place ces mesures. Je ne vous cache pas que nous avons désormais besoin d’une publication rapide des arrêtés ministériels, pour déployer ces mesures et accompagner au mieux les éleveurs.

Madame La Directrice Générale de l’Alimentation, je me permettrai d’insister sur un point. Pour les maladies que je viens de citer, et pour lesquelles nous avons collectivement des ambitions européennes, nous avons besoin de l’État pour jouer son rôle de police sanitaire. Nous nous devons de valoriser les efforts consentis depuis des années par les éleveurs, les vétérinaires, les laboratoires et les services déconcentrés et aller au bout de l’éradication de ces maladies. Les dernières étapes d’éradication sont souvent les plus difficiles à mettre en place. Et pour ces dernières marches, nous avons besoin de l’appui des services de l’État.

Sanibov, un outil d’appui à la gestion des mouvements

Vous le savez, on ne peut pas lutter contre une maladie sans une maitrise des mouvements des animaux. 2023 a été le temps des réflexions stratégiques pour partager une vision cible du système d’information au sein de notre Réseau et préparer sa mise en œuvre. Aussi, nous avons fait le choix de refondre la Plateforme Sanitaire des GDS et un appel d’offres a été lancé en ce sens début 2024. L’aboutissement de ce projet de refonte de notre Plateforme Informatique nous permettra de mieux collecter et valoriser les données sanitaires. En parallèle, GDS France a franchi une étape significative dans la gestion sanitaire des mouvements de bovins en s’associant à Harmony Grand-Est dans l’objectif de rendre l’application Sanibov disponible sur tout le territoire français. Cette application permettra aux opérateurs commerciaux de faciliter la séparation des circuits animaux sains – animaux malades et de mieux organiser leurs tournées. Les travaux de nationalisation de Sanibov se poursuivront en 2024.

Une année marquée par les épisodes FCO et MHE…

Je ne vous apprends rien : nous avons dû faire face à deux crises majeures : le nouveau variant de FCO sérotype 8 – 2023 et la MHE. Alors soyons honnête, personne ne s’attendait à une nouvelle souche de FCO sérotype 8, induisant de la clinique dans les élevages atteints, alors que la souche historique que l’on connaissait était régulièrement détectée depuis des années sur notre territoire, avec une très faible expression clinique. Et pourtant, suite aux retours terrain de nos GDS nous alertant sur la situation dans les élevages, les analyses menées par le LNR FCO de l’Anses Maisons-Alfort ont effectivement pu montrer que cette souche était différente de celle qui circulait depuis 2006 en Europe, permettant d’expliquer cette différence d’expression clinique. Quant à la MHE, bien qu’attendue sur notre territoire depuis sa présence en Espagne, l’impact clinique et la rapidité de sa diffusion dans le Sud-Ouest nous ont collectivement surpris. Les GDS de la zone atteinte ont été mobilisés immédiatement pour répondre à cette situation de crise. Nos équipes se sont déplacées sur le terrain pour écouter les éleveurs touchés, observer la situation et mettre en place des études dans des délais très contraints afin de mieux évaluer l’impact de cette maladie.

… avec une évolution prévisible des maladies vectorielles

Ces deux crises ont souligné plusieurs besoins. Tout d’abord, celui d’améliorer l’anticipation de la gestion de crise afin de mieux prévoir l’organisation à mettre en place, lors de l’introduction d’une nouvelle maladie ou l’apparition d’une nouvelle souche sur notre territoire. Nous devons également favoriser encore davantage les échanges via notre Fédération Européenne, la FESASS, pour optimiser le partage d’informations et être plus réactif sur le terrain. Enfin, nous devons avancer sur la recherche, en lien avec l’ANSES et le CIRAD sur la gestion des vecteurs et également mieux comprendre les interactions entre les vecteurs et les animaux d’élevage pour limiter les répercussions cliniques de la maladie, tout en maintenant un marché fluide des animaux. Il s’agit là de nouveaux défis, liés en partie au dérèglement climatique favorisant l’émergence de maladies vectorielles. Cela nous amène forcément à revoir nos stratégies de prévention, de surveillance et de lutte. Pour construire ces stratégies, nous pourrons compter sur notre réseau, sur cette présence terrain qui fait la force des GDS et sur un partenariat renforcé avec les organismes de la recherche. A l’avenir, nous pourrons également bénéficier de la communauté d’échanges et de l’expérience de nos six GDS ultra-marins qui sont impactés depuis des années par des maladies tropicales qui arriveront tôt ou tard dans l’hexagone.

Pour les 70 ans de GDS France, les GDS de La Réunion, Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française étaient tous présents. Si leurs problématiques sont parfois différentes, les enjeux collectifs restent les mêmes et leur expérience de pathologies que l’on qualifie d’émergentes en métropole pourra nous être précieuse, ainsi que leur adaptation à des climats que l’on risque de rencontrer dans les années à venir avec le changement climatique.

La biosécurité, socle du sanitaire en élevage

Demain, nos actions devront également nécessairement prendre en compte les enjeux liés à l’amélioration de la biosécurité en élevage. Beaucoup d’efforts ont été déployés par le Réseau des GDS sur ce sujet pour accompagner les éleveurs dans cette démarche, de façon pragmatique et efficiente. L’année 2023 a permis de consolider le travail initié en ruminants depuis plusieurs années mais également de créer de nouveaux outils dans d’autres filières. J’illustrerais mon propos avec la filière équine pour laquelle une mallette d’outils pédagogiques à destination des éleveurs, détenteurs et professionnels de la filière a été conçue par GDS France, en lien avec ses partenaires.

L’approche collective pour des cheptels résistants et rentables

La biosécurité s’inscrit également dans le concept de l’approche globale sanitaire qui consiste à appréhender l’élevage dans son ensemble et dans ses interactions avec son environnement pour améliorer la santé des animaux, le bien-être de l’éleveur et les résultats économiques de l’exploitation. Convaincus de l’intérêt de cette vision du sanitaire, GDS France a fait le choix de s’investir pleinement sur cette thématique avec la mise en place de formations « approche globale du sanitaire ». Les conseillers de GDS formés pourront ainsi mettre en application dès 2024 cette démarche dans leurs actions d’accompagnement des éleveurs, en lien avec les vétérinaires et les autres acteurs du sanitaire.

2024, une année charnière et structurante pour notre Réseau

2024, c’est avant tout une année de renouvellement de reconnaissance des OVS. Alors certes, l’OVS est une reconnaissance par l’État de compétences techniques avérées et d’une expérience dans le domaine d’activité. Mais l’OVS c’est aussi une organisation et des valeurs, notamment pour garantir une indépendance et une impartialité des décisions et des actions. Le modèle économique du financement de ces délégations de service public est également sur la table et il doit nécessairement évoluer, pour consolider un modèle économique qui doit être plus stable et plus serein pour notre réseau. L’OVS est une reconnaissance « multi-espèces ». Je le dis souvent, je vois l’OVS comme la grande maison qui doit pouvoir accueillir et rassembler les acteurs sanitaires de l’ensemble des filières d’animaux de rente. Je ne vous dirai pas que c’est tous les jours faciles, notamment dans des filières où l’écosystème est très divisé. Mais je suis fier du travail réalisé et nous devons continuer de structurer sanitairement ces filières.

Le déploiement du plan de lutte contre le frelon asiatique

Dernière illustration en date : le plan national de lutte contre le frelon asiatique à pattes jaunes porté par GDS France et FREDON France réunis dans le cadre de l’Association Française Sanitaire et Environnementale (AFSE). Ce plan de lutte stratégique porté par les d

eux réseaux OVS, animal et végétal, va pouvoir être déployé sur le terrain. Je tiens à remercier chaleureusement nos homologues de l’OVS végétal, FREDON France, pour le travail en commun réalisé autour de ce plan qui doit permettre de réduire l’impact du frelon sur les colonies d’abeilles, de préserver la biodiversité et de renforcer la sécurité du public, des apiculteurs et des professions exposées aux risques.

GDS France, partenaire des acteurs du sanitaire

Une table ronde a été organisée autour des maladies vectorielles et de l’impact du changement climatique sur leur diffusion. Les intervenants, issus de différentes structures nationales et européennes, ont rappelé la nécessaire gestion globale des vecteurs et des maladies associées, dans le cadre du concept « One Health – Une seule santé ».

Les nouvelles menaces et le besoin de structuration sanitaire de certaines filières nous amène à renforcer davantage nos partenariats pour les prochains mois. Il y a bien sûr les partenaires historiques : les vétérinaires, les laboratoires d’analyses et les services déconcentrés de l’État, avec lesquels nous avons construit toutes les réussites sanitaires des dernières décennies. Je souhaite également que l’on puisse renforcer notre partenariat avec les autres organismes en charge de la surveillance et de la recherche, pour relever les nouveaux défis qui nous attendent. Et à ce titre, je tiens à souligner la qualité des échanges avec les équipes de l’ANSES et le succès de la collaboration initiée il y a maintenant 10 ans. Le Salon International de l’Agriculture, qui s’est déroulé il y a quelques semaines, a d’ailleurs été l’occasion de renouveler notre convention cadre de partenariat afin de renforcer la prévention, la surveillance et la lutte contre certaines maladies animales à fort impact pour les élevages français.

En conclusion de ce discours d’orientation, je tiens à remercier les élus, les jeunes qui viennent d’arriver dans notre réseau avec des idées et une vision nouvelle (on a besoin de vous !) mais aussi tous mes prédécesseurs qui ont construit le modèle GDS depuis 70 ans et l’ont vu grandir. Merci également aux équipes opérationnelles pour leur implication sans faille auprès des éleveurs. »

GDS Creuse, en phase avec les orientations nationales

Les orientations fixées par notre structure nationale sont dans la lignée de celles présentées lors de l’AG de GDS Creuse et nous confortent dans notre engagement départemental pour tous les éleveurs. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter.

Marien BATAILLE – Dr Boris BOUBET
GDS Creuse – www.gdscreuse.fr